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AFRIQUE

Sénégal/Maire de la Médina : « Non, je ne suis pas un maire fantôme ! »


Alwihda Info | Par Ibrahima Mané - 5 Août 2013


Me Birame Sassoum Sy, l’édile de la Médina, gère sa mairie contre vents et marées malgré les critiques de ses adversaires qui, tous, rêvent de le déboulonner quand d’autres estiment qu’il n’est pas assez visible au contraire de son adjoint, le très médiatique Bamba Fall. A quelques mois des locales, quels sont les ambitions et le bilan de ce maire atypique, calme, brillant et cultivé ? Sera-t-il candidat à sa propre succession ? Est-il réellement un maire par défaut ? Que pense-t-il du débat sur la succession d’Ousmane Tanor Dieng à la tête du Parti Socialiste Le Témoin l’a rencontré pour faire le point…


Me Birame Sassoum Sy, l’édile de la Médina, gère sa mairie contre vents et marées malgré les critiques de ses adversaires qui, tous, rêvent de le déboulonner quand d’autres estiment qu’il n’est pas assez visible au contraire de son adjoint, le très médiatique Bamba Fall. A quelques mois des locales, quels sont les ambitions et le bilan de ce maire atypique, calme, brillant et cultivé ? Sera-t-il candidat à sa propre succession ? Est-il réellement un maire par défaut ? Que pense-t-il du débat sur la succession d’Ousmane Tanor Dieng à la tête du Parti Socialiste Le Témoin l’a rencontré pour faire le point…

Le Témoin – Maître, êtes-vous un maire fantôme comme on vous le reproche ?

Je pense que les gens qui le disent n’ont pas totalement tort. Aussi paradoxal que cela puisse paraître. En effet, je donne en partie raison à ceux qui affirment cela.

Pourquoi ces critiques récurrentes ?

Comparativement à nos deux prédécesseurs, j’avoue que je n’ai pas la même attitude qu’eux. Je sais que feu Ahmet Diène, dont j’ai ’été l’adjoint pendant quatre ans (1997-2000), avait l’habitude d’arriver à la mairie à 10 heures du matin et n’en sortait que vers 20 heures, pour rentrer chez lui. Il en fut de même pour son successeur, Pape Momar Diop (2001-2009), qui aujourd’hui est à Bok Gis Gis, lequel, semble-t-il, venait à la même heure pour rentrer vers 23 heures.

Par contre, pour ma part, je vais tous les matins à 8 heures au Palais de Justice du fait de mon métier. J’en sors vers 14 heures pour venir à mon étude d’avocat où je reçois la clientèle jusqu’à 19 heures. C’est après cela que je vais à la mairie pour honorer mes rendez-vous et signer mon courrier.

Par conséquent, vous voyez bien que mon attitude ne peut pas être la même chose que celle des politiciens professionnels. Je vous signale que ma profession d’avocat est mon principal gagne-pain.

Est-ce la raison pour laquelle on vous reproche d’avoir délégué tous vos pouvoirs à votre 5ème adjoint,  Bamba Fall, qui apparaît comme le véritable Calife à la place du Calife ?

Il faut que je précise que, par nature, je suis un adepte de la division interne du travail. Avocat depuis bientôt 40 ans (37 ans exactement), je travaille avec des associés, certains s’occupent de droit civil, d’autres de droit de la famille et de droit pénal. De la même manière, dans l’organisation d’une mairie, il y a des adjoints chargés des affaires de santé - environnement, d’autres de l’éducation, de la femme et de l’enfant, des affaires religieuses, coutumières, administratives et financières. Tout ce beau monde a été choisi par le Conseil municipal. Je ne me substitue pas à eux et, pour chaque domaine, j’ai responsabilisé quelqu’un. Pour ce qui touche la santé et l’environnement, c’est le Dr Pape Mbaye Kane de l’AFP, premier adjoint, qui s’en occupe et qui assiste à toutes les réunions concernant ce domaine et qui me rend régulièrement compte.

Il en est de même de Médoune Diop, 3ème adjoint et militant de l’UDF qui se charge de tout ce qui concerne l’éducation, qui connaît du bout des doigts tous les enseignants et parents d’élèves des écoles de la Médina. Mme Djénaba Ndiaye, adjointe chargée des femmes et de l’entreprenariat féminin, joue sa partition avec les nombreuses organisations féminines de la Médina.
Il y a également Gora Mbaye, le 4ème adjoint qu’est chargé de l’assainissement et des problèmes d’hygiène. Il tient des réunions hebdomadaires avec des agents de l’ONAS et du Service d’Hygiène.

Il y a enfin M. Bamba Fall, 5ème adjoint chargé de l’administration et des finances.

Sans doute, trouve-t-on qu’il est surmédiatisé, mais forcément puisque c’est un permanent.

J’ajoute que nous sommes du même parti, le PS, de la même coordination, la 2ème du PS de la Médina. Il est loyal et, surtout, travailleur, comme tous les autres d’ailleurs. En conclusion, Je n’ai jamais interféré dans les domaines de compétence de mes collaborateurs adjoints au maire et Ils appliquent à la lettre les orientations que je leur donne.

Beaucoup de gens pensent malgré tout que c’est Bamba Fall le véritable maire de la Médina...

Chacun est libre de le penser mais, moi, je n’ai jamais délégué ma signature ni à Bamba Fall, ni à quelqu’un d’autre, quand bien même il m’arrive de voyager, je n’ai jamais délégué ma signature à personne.

Pour revenir à Bamba Fall, ce garçon est très combatif, charismatique, aimé des militants du PS et de Benno Siggil Sénégal et, surtout, travailleur. Je me réjouis d’avoir un collaborateur comme lui. Ça ne m’étonne pas, par conséquent, qu’il gêne beaucoup.
Je tiens à insister sur ce point, car si le travail se fait bien, c’est à cause de l’esprit Benno Siggil Sénégal qui détient la majorité à la mairie.

Quel est votre bilan à la Médina ?

Un maire est jugé à l’aune de son bilan. En ce qui nous concerne, nous n’avons pas à rougir de ce bilan. Lorsque nous sommes arrivés en 2009, le principal problème de la Médina c’était l’assainissement avec la stagnation et le ruissellement des eaux, à cause de la vétusté du réseau d’assainissement qui date de 1957, quand la Médina comptait à peine 25. 000 habitants compte 300. 000 habitants de nos jours. Bien que ce secteur ne dépende pas de la mairie, nous avons fait de considérables efforts avec des moyens propres. La situation s’est notablement améliorée. Nous avons changé des tuyaux et fait venir des camions de vidange à chaque fois que de besoin. Ce n’était pas une tâche facile.

Nous nous sommes également attaqués à la voirie, en refaisant des rues resurfacées et rebitumées avec l’aide de l’AGEROUTE et de la Ville de Dakar.

Notre bilan qui nous rend le plus fier, c’est l’éducation. Je rappelle qu’à notre arrivée, le taux d’échec pour le concours de l’entrée en 6e et pour le CEPE était de 92 %, or aujourd’hui, nous en sommes à un taux de réussite de 65 % en 2011 – 2012. Cela grâce aux investissements réalisés. Nous avons ainsi réparé plus de 5000 tables-bancs, rénové les toilettes des établissements scolaires et mis à la disposition de ces derniers, un personnel d’encadrement pour assister les enseignants et encadrer les élèves.

Cet effort se poursuit car nous sommes entrain d’investir plus de 300 millions de francs pour rénover le complexe de l’école Médine qui compte plus de cinq écoles.

Nous avons clôturé l’école, et ensuite fait de nouvelles constructions qui vont abriter les services de l’Etat Civil, une infirmerie, un foyer social pour les jeunes, une salle de conférences, une salle de culture physique, un bureau pour les ASC de la Médina, un centre de réception avec un dortoir, une salle d’entrainement pour la boxe, un restaurant, une aire pour les lutteurs, du gazon synthétique sur le terrain de football de l’école, et un terrain de basket ultramoderne déjà fonctionnel.

Notre gros projet, c’est la construction d’un lycée technique à la Médina consacré à la mécanique, au froid et à la métallurgie, etc...

Pour Gibraltar, nous allons récupérer le CEM Nago Samb qui est entrain d’être refait. Ce qui fera qu’un jeune Médinois du XXIe siècle pourra faire tout son cursus scolaire de la maternelle au lycée sans bouger de son quartier.

Toutes ces infrastructures seront inaugurées sous peu, sans compter d’autres projets que nous allons mettre en œuvre avec la coopération internationale.

Sur le plan social, nous avons fait beaucoup fait sans discriminations ni politique, ni confessionnelle.
Ainsi, avons-nous recruté plus de 200 jeunes qui travaillent avec la mairie.

Si nous sommes parvenus à tout cela, c’est à cause de la hausse de notre budget. Par exemple, pour le marché, nous avons désormais un fichier informatisé de tous les commerçants. De 400 millions de francs cfa de budget, dont seule la moitié était exécuté, nous sommes parvenus à plus de 800 millions de francs cfa presque entièrement exécutés.

De Benno Siggil Sénégal à Benno Bokk Yakar, il y aura un grand débat lors des investitures pour les locales, alors que Seydou Guèye, porte - parole de l’APR et Secrétaire général du Gouvernement, s’est déjà déclaré candidat pour vous arracher la mairie de la Médina. Serez-vous candidat à votre propre succession?

Ce n’est pas aussi évident que vous sembler le penser l’affaire de ma candidature, car si je suis ici à cette place, c’est grâce à l’alliance Benno Siggil Sénégal. C’est pourquoi, j’attends de connaître le point de vue de mes alliés à qui il faudra rendre compte et évaluer notre bilan, c’est la moindre des choses. Nous avons été ensemble, de tous les combats pendant presque une décennie. Nous avons mené le combat contre maître Wade, bien avant beaucoup de gens qui nous ont finalement rejoints et qui nous font de faux procès en sorcellerie.

Et le débat, dans votre parti, le Parti Socialiste ?

J’estime que ce débat illustre l’existence d’une démocratie interne au PS qui n’est point, faut-il le rappeler, un parti totalitaire stalinien ou unipersonnel. Je rappelle que notre parti existe depuis la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) qui a été le premier parti politique moderne en Afrique comme le BDS.

Nous, au PS, nous avons été, depuis les origines, de véritables sociaux - démocrates et nous nous sommes toujours historiquement réclamés de ce courant… Dans notre grand parti, il est normal que des camarades à la veille du congrès puissent avoir de légitimes ambitions.

Toujours est-il qu’il faut rendre hommage à Ousmane Tanor Dieng qui a tenu la barque dans des conditions extrêmement difficiles d’une opposition face à un pouvoir aussi féroce que celui d’Ablaye Wade dont le projet stratégique était bel et bien de détruire notre parti. Notre camarade Ousmane Tanor Dieng est un dirigeant opiniâtre, combatif, grand commis et homme d’Etat et je suis sûr que l’Histoire lui rendra un hommage mérité, lui qui a conduit si difficilement le PS au moment de notre Bérézina pour déboucher sur cette grande victoire du peuple sénégalais en mars 2012.

Ibrahima Mané
« Le Témoin » N° 1133 –Hebdomadaire Sénégalais ( AOUT 2013)



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